De trop malingres allumettes
dans ce champ perdu hérissonnent
coquelicots rouge sucette
leurs faces plates et pouponnes
dessous, des ombres caravanent
au défilé multicolore
des astres et des météores
fusant d'antiques sarbacanes
et le vent qui se veut discret
ricochète au flanc des collines
où n'osent même frissonner
l'herbe ni le buisson d'épines
Une étrange désolation
embrase de ce paysage
le lit de rocailles sans âge
et le dernier fruit de saison
le temps y fait quelques passages
en terrain de jeu favori
il y est à son avantage
à toiser la morgue et l'ennui
car ici pas âme qui vive
qui n'ait été rêvée d'abord
pour venir affranchie de corps
faire l'expérience intensive
de l'oubli
Une maison s'élève là
juste comme une autre s'enfonce
aspirant après elle ronces
carlines, chardons et gravats
dans l'enceinte d'un jardinet
un vieux cognassier seul en terre
porte à bout de bras solidaires
une impression d'orangeraie
ajoutant aux couleurs criardes
un velouté plus liquoreux
dans cette lande qui blafarde
sous le furieux combat des cieux
Aucune main pour s'inquiéter
des grains de pollen qui s'entêtent
à chercher où croître essaimés
dans la poussière qui volète
et sans oreille à émouvoir
un chant hurle sa fulgurance
où gargouille - bien triste gloire,
l'écho de stériles jouissances
Âme, mon âme, reprends-moi
abandonne ce vain séjour
je n'ai pas dit tout mon amour
et ne veux demeurer sans voix
dans l'oubli
cet oubli
de ma vie
tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK