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  • avenir, quelle histoire ?

    (ex nihilo nihil)

     

    ex_nihilo_maquette.jpg

    Sont-ils poreux les temps passés
    qu'il nous coule à travers le corps
    un jus de « jadis » et d'« alors »
    qui nous dispute la journée

    Que devons-nous avoir en chair
    de revanchardes tectoniques
    à nous engluer le topique
    dans leurs toiles de tégénaires

    C'est-y pas tarabiscoté
    cette forme d'hébergement
    qui rogne sous le tégument
    nos plus belles endimanchées

    Qu'avons-nous besoin de pourvoir
    aux affres antédiluviens
    qui balanceront le machin
    sans lui laisser aucun pourboire

    Ça s'rait-y pas du pourridié
    qui nous gâcherait tout le cep
    malgré nos bons savons d'Alep
    ces nostalgies dans le carné ?

    Ne rien devoir, à l'avenir
    aux reflexes de centrosomes
    pour ne s'accorder en binômes
    qu'à l'aune d'un « ça va sans dire »

    Voilà l'histoire
    et, selon moi, comme il fait bon s'y laisser choir

     

     

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • patines

    (ex-statique)

    MARGELLE.JPG

    Tous les feux sont au rouge (et l'histoire attendra)
    plus rien en moi ne bouge et ne souhaite éprouver
    que l'absolu vertige où peuvent s'engouffrer
    le déni du Grand Ordre et la fin des constats

    Je ne veux contempler que l'espace intérieur
    où bercer de mes peurs les fronts désemparés
    qui m'auront démembré plus souvent qu'à mon heure
    quand je m'y commettais à feindre d'ignorer

    Venez donc, lumignons, simulacres de rire
    me reprocher encore une orgie d'impudences
    je vous enfilerai à mon doigt, sans frémir
    puisqu'en dehors de Ça, il n'est aucune offense

    Je suis là, comme un fleuve inerte à la marée
    dont les chevaux patinent à forcer l'allure
    et brisent leurs jarrets dans cette chevelure
    où le saule incompris fait mine de sombrer

    Impassibles, mon sang, mon souffle, ma passion
    je puis enfin sourire au désert, à la pluie
    et me laisser au cœur surgir une affliction
    qui n'a d'autre dessein que se mirer au puits

    Maintenant que tout meurt en ayant tout soldé
    des pamphlets, des humeurs et des vieilles rengaines
    j'accueille en ma demeure une hargne vilaine
    en caresse les flancs pour mieux la patiner


    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • na !

    (sûr, un plateau)

    Amour ! Amour ! Où est ma chienne ?
    qui seule m'entende et comprenne
    à quoi se rimer l'aujourd'hui
    (avec aucun "toujours"), et puis
    s'attache tant d'autres histoires
    que ce sera bonheur de voir
    comme le monde est déjà mort
    qu'il n'en subsiste qu'un décor
    à repeindre
    sans gloire, avantages, sans geindre
    que la joie de tremper nos doigts
    dans un ciel oublié des fois
    en l'espérance
    qu'après la mort, nous aurions une danse
    à tenir
    et qu'à l'aune de nos désirs
    irrévérencieux ou muets
    - dont nous n'aurions pâli (jamais !),
    L'On nous dira "à gauche.. à droite"
    mais nos mains ne seront pas moites
    et refuseront de céder
    à l'ordre de nous défausser

    Amour ! Amour ! qu'à ça ne tienne :
    je te répéterai l'antienne
    où je te disais "malgré tout,
    qu'avons-nous à faire, du coup,
    des imbéciles
    qui veulent des amours faciles ?"
    Nous avons bu notre jeunesse
    ailleurs, loin de l'autre ; l'ivresse
    aidant et le déni
    d'oser nous rappeler nos nuits
    nous avons chanté dans le vide
    notre vertige parricide
    où j'aurai perdu le sommeil
    où tu recherchais ton Pareil
    où nous nous serons oubliés
    pour nous retrouver étonnés
    de nous-mêmes
    devant la fin des anathèmes
    dans une chanson qui s'écoute
    balbutier "alam doot dam doot"
    Et oui, ma vie, tels que nous sommes
    le nouveau pépin de la Pomme
    puisqu'enfin nous aurons appris
    où se logent nos appétits ;
    le tien, le mien, dans la surprise
    que d'un même ensemble on révise
    tous les noms de nos bons fromages
    pour ne pas dire davantage

    Fromages !Amour ! Amour ! Oui, "malgré tout..."
    commence la danse avec Nous.

     tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Street Tango (rue froide)

    Caen, Rue froide

    Le pas mal assuré
    dégoutte, tapote
    la rue au ventre froid
    lui écarte les jambes, va
    son mode automatique
    sous la Grande Nordique
    aux milliers de répliques
    audibles sous les toits
    qui boivent leur colloque
    sans même réfléchir
    sans processus ad hoc
    (ils ne frémissent pas)
    mer morte
    étendue par les rues
    endémique cohorte
    dont il faut, pas à pas
    que l'on sorte
    ou qu'on en reste là, en bas
    le pas mal assuré
    la vue troublée de vains
    tristes et carnassiers
    festins
    des p'tits bonheurs la chance
    à se frapper la panse
    en y laissant les doigts
    le pas mal assuré qui va
    se frotter l'importance
    entre les jambes sales
    d'autres exubérances
    qui cèdent leurs appâts
    vénales, sans combat
    à leur suite, à la traîne
    une pâle rengaine
    à bout de rêve murmurée
    comme coulant de source
    un à un les nœuds de la bourse
    défaits sur les genoux
    anguleux, ridicules
    de ne pouvoir fléchir
    au risque de tomber, ou pire
    de finir comme un chien
    papatte au lieu de main
    babines salivantes
    à dévaler la pente
    à flairer la piste odorante
    jusqu'au bout de la rue
    et n'y connaître plus
    que l'ombre fatiguée
    qui va son train d'oubli
    du matin à l'ennui
    vers sa mortalité
    certaine d'y passer
    le pas mal assuré
    dont les échos s'entêtent
    claquent et ricochètent
    sur les parois géantes
    de la ville désobligeante
    et gourde sous la pluie
    sa lourde compagnie
    sa flotte
    lâchée par vagues, qui mégotte
    achève d'égarer
    vers les eaux du fleuve cendré
    le pas mal assuré

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

    And a fall from you
    is a long way down
    I've found a better way
    out

    Well, it's been a long time
    since I've seen you smile

    Beirut - Cherbourg, The Flying Club Cup

    Lien permanent Catégories : °ruades° 0 commentaire
  • Sainte Nitouche

    Louise Markise, photographe

    Elle aura pris son bain à même l'herbe chaude
    pour sentir aussi bon qu'un rêve campagnard
    Moi, je serai sorti de la douche en retard
    apprivoisant en vain l'épi qui me taraude
    et m'agace la main

    Elle demandera "quel est ton saint patron ?"
    Et voilà, catastrophe ! aura grillé la mèche...
    Je dirai "désolé (oui, faisant de la lèche)
    mais je n'aurais souhaité attacher à mon nom
    que le vôtre, Beauté !"

    Alors tout sera dit... ou bien, nous nous tairons
    car nous aurons souri au-delà des nuisances
    et nous serons trouvés en commune appétance
    moi, lui prenant la taille, elle, un regard profond
    Et allez, vaill' que vaille !

    Quand nous aurons repeint tous nos calendriers
    ayant trempé nos doigts à l'encre rouge fruit
    d'un jour laissé pour mort à l'horizon détruit
    nous allierons nos corps et leurs noms oubliés
    le cœur et l'esprit ceints


    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : d'après une photo de Louise Marquise

    pour un Impromptu Littéraire - tiki #88