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  • cosmogone

    Big bang-a.jpg

    J'étais
    sans nom, sans humeur et sans âge
    à la fois tous les personnages de mon rêve
    et seul au monde

    une formidable énergie

    contenant l'un et l'infini
    n'attendant que de se répandre en vagues d'ondes

    un tout ou rien de festivals exponentiels

    inconséquent, indéfini, immatériel
    plastique ? à peine !
    - je n'avais encor pas de ces prétentions vaines

    Je ne sais plus comme cela survint

    mais j'éclatai, enfin !

    Avais-je avalé quelque chose improbable

    indigeste ou insoutenable ?
    Toujours est-il que j'explosai
    et dans l'instant me réveillai

    Je m'éveillais à l'instant même

    et son fulgurant anathème
    obligeant à l'apocalypse :
    je ne connaitrais pas d'éclipse...
    et personne pour me distraire !!
    (j'entrais dans ma prime colère)

    Je projetai autour de moi ce que j'avais à ma portée

    rase lumière
    gaz et matière
    tout y passait, entrait en fusion, se choquait
    et ce vacarme
    parvint à m'arracher des larmes

    Le son fut ma première leçon

    de quoi je conçus le silence
    et, presque par inadvertance,
    me vint une idée farfelue :
    il me fallait une conscience
    pour que soit enfin reconnue
    mon existence

    Vint l'Homme

    - sa main, son œil et son épaule !
    à qui je confiais le rôle
    de penser, de dire et d'agir;
    il devança tous mes désirs
    en créant l'art !

    Je pus lui pardonner l'histoire de ses guerres

    J'avais le plus beau des miroirs dans l'univers

     

    foscarini-big-bang.jpgtiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#77.

    Illustrations : suspensions luminaires de FOSCARINI.

  • La preuve par quatre

    Avant l'été, j'aurais marché
    vint-cinq années durant
    les yeux derrière
    les yeux dedans
    et des mains à ne plus savoir qu'en faire
    battant mes flancs
    battant l'air
    balançant d'avant en arrière
    aveuglément

    Si j'ai séjourné quelques fois
    - en quelque endroit sûr ? à la brune ?
    à jouir de la bonne fortune
    d'une merveille...

    rotonde et vieille craie
    marée, varech et moules frites
    nuit tombée sous les oliviers
    chimers, sillons océantiques
    et puis la grève
    où le marin mugit depuis son Rêve

    j'émergeais toujours au-delà
    - j'aurais cheminé malgré moi
    ...suivant un chien ? ...dans mon sommeil ?
    sans reconnaître rien à rien à mon réveil

    J'étais allant
    obstinément
    coiffé de mes deux grands soleils
    me figurant simple et pareil
    au bonze en bronze recueillant
    des mantras le long chant de veille

    Aux abords de la ville
    je laissai mon bagage
    - à d'autres d'en tirer bel avantage

    Je percevais, subtile
    mais pas mystérieuse
    une rumeur aux notes savoureuses

    Leur écho sur le fleuve
    ricochait - ce me semble,
    entre les bras des saules sous les trembles

    Le jour s'arrêta à mi-cours
    je sus dès lors m'appartenir
    qu'il durât encore et toujours

    Je pris un citron vert
    pour en goûter le jus
    je crus m'éparpiller dans l'atmosphère !

    D'abord effarouché
    un sang moins lapidaire
    me parcourut l'échine et les artères

    Depuis son vieux clocher
    l'horloge familière
    sonna ces vint-cinq années passagères

    Je sentis ta main pleine dans la mienne
    La peur se tenait loin de nos regards
    L'aujourd'hui recouvrit figure humaine
    Nous marchions sous les feux de quatre phares.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    René FRERY, Les Quatre Soleils, 2002.