Un jour s'en est allé faire ses bruits ailleurs
Le soir demeure
(il n'attendait que ça)
Il attendait que cela passe
le cortège des heures
la retraite des guerres lasses
aux humeurs vives ou fadasses
avec, à la traîne,
ce lent petit bonheur
d'être à ce qu'on amasse au cœur
Le soir et ses largesses...
Il accueille la nuit du bout des lèvres;
un murmure semblable
à celui que s'adressent les arbres
soutire à l'air
une molle fraîcheur
qui retourne la peau striée de l'atmosphère
en force la pudeur et laisse voir
les gouttes de sueur perlant à son grand casque noir
Il ouvre des maisons les yeux luminescents
tout engourdis encore
de s'être trop longtemps regardé l'intérieur
où des ombres rejouent le ballet quotidien
- qui a sorti le chien
qui a dressé la table
qui marmonne à l'oreille irritable
qui scrute le chemin
chacun à son affaire
certain de n'être pas si fier
que le voisin
Il allonge le pas du temps qui reprend souffle
et prépare son rêve à l'abri des regards
Il pouffe
Il aime ces récits arrachés au réel
et comme les compose à nouveau l'inconscient
pour que les doigts du vent les saupoudrent
sur les paupières closes à coudre
avec l'antique et magique sel
qui vous garde des foudres paternels
Il cède
quand la vasque du ciel est pleine
sa place aux chevauchées astrales
sur les voies cardinales tracées
pour leurs frasques élyséennes
Il plaide
une journée chômée
qui ne voie pas truffée
d'obscures hypothèques
l'humaine destinée
exempte de salamalecs
et autres simagrées
où sa clémence vespérale
aura - toute, à loisir,
sentimentale bariolée
vive cavalcade effilée
rousse nuée de fougères,
le don de ceinturer la terre
pour en araser la lisière
Et puis, il disparaît
loger dans une volée d'arbres
rouler au creux d'un vallon glabre
se pendre au rempart crénelé
d'autres vertigineux sommets
border la mer étale
l'océan pacifié
glissant sur la pointe des pieds
Il nous a préparé
avant de regagner son lit
une aube, pliée
au coin de la table de nuit
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK