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  • À bascule

    Les yeux rivés
    sur la porte close
    sans faire autre chose
    que respirer
    les doigts dans la cuisse plantés
    les ongles faits au verni rose

    Du bout des pieds
    en robe de deuil
    imprime au fauteuil
    un balancier
    qui fait grincer le vieux parquet
    depuis sa place jusqu'au seuil

    Chignon serré
    sur la nuque grise
    la vue s'électrise
    - on a frappé !
    " Entrez donc, qui que vous soyez "
    fait la gorge où la voix se brise

    Le sort est joué
    qui en sait la cause
    n'empêche la chose
    d'exécuter
    son acte sombre et carnassier
    d'intime et violente psychose

    rockinchair.jpg

    tiniak - mes chanSonges
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#81

     

  • nocturne

    HeliosR.jpg

    La nuit n'est jamais complètement seule et nue;
    il y traîne toujours, une étoile après l'autre
    élégamment vêtus, sobres comme l'apôtre
    et réclamant obstinément mon regard ou le vôtre :

    quelque divinité parcourant son domaine
    au regret d'avoir oublié les jours de la semaine

    une ardente jeunesse en peine avec son char

    (il voudrait s'arrêter, allez ! voir la chute d'Icare)

    ultime fulgurance entrant dans l'atmosphère

    des météores le galop fertile et suicidaire

    l'écho mystérieux d'océanes sirènes

    dont personne ici ne sait plus lire la cantilène

    l'écharpe effilochée, l'enfantine espérance

    qu'une âme bien intentionnée lui porte chance

    le drapé rigoureux d'aurores boréales

    orne à septentrion le front de marbres pâles

    l'épais tapis moussu des vastes canopées
    offre à la nuit venue de s'essuyer les pieds

    et la nuit librement laisse sa chevelure
    flotter au gré du vent pailletée de dorures.

    tiniak - mes chanSonges
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#81.

  • fraise épure

    EYE_F.JPG

    Lisse rivière de sang, fraise épure
    charnel ruban à l'autre chevelure
    que finement dénouent les doigts habiles
    à y provoquer des élans fébriles
    l'ample vertige
    ravivant des passions tous les vestiges

    Le feu y est comme l'hôte de marque

    reçu tel que jamais aucun monarque
    eût espéré savourer tant d'hommages
    aux temps prestigieux de son plus bel âge
    quand son empire
    rayonnait plus loin que lune peut luire

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    Plantureux sillon de terre prodigue
    riche d'alluvions que douceur endigue
    une rythmique cyclique et lunaire
    assujettit le monde et l'atmosphère
    à ta nature
    lisse rivière de sang, fraise épure

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • reflets d'angle

    À son balcon de pierre à l'angle de Soufflot
    la silhouette prise au jeu des luminaires
    hachant tous les reflets vitreux et fragmentaires
    elle a figé son port, une main dans le dos
    à l'autre se consume un fin cigarillo
    qu'elle porte à ses lèvres
    en gestes paresseux ou engourdis de fièvre
    - si je veux

    Parisienne le temps d'y croire encore un peu

    l'escale est à son terme et doucement l'entraîne
    où le prochain matin aura l'aube - roumaine,
    grecque, basque, italienne ? enfin, où le cheveu
    n'insulte pas la peau et rehausse des yeux
    la lumière châtaigne
    roulant ses plis marins et rebelles au peigne
    - si, j'y tiens !

    Une ombre dans son dos tente de l'approcher

    mais s'arrête aussitôt qu'elle penche la tête
    et se fige à son tour - seconde silhouette
    à la masse inutile et proche d'épouser
    dans cette perspective un grand meuble en noyer
    d'imposante stature
    dont l'arête prolonge encore l'imposture
    - quand j'y songe...

    Et voici comme l'heure est brutale, soudain

    un vis-à-vis s'éteint, en face, rue Le Goff;
    était-ce du destin l'impérieuse apostrophe ?
    du plafonnier rugit en un flot argentin
    de vives cruautés sur le long cheveu brun
    déchirant son épaule;
    un mouvement de danse, elle a changé de rôle
    - quand j'y pense !

    Repoussant l'homme sombre, elle entame un tango

    feinte, écarte et se sauve, élégante, féline
    elle aura disparu avant que l'assassine
    une invective rude avec un mot de trop;
    l'instant d'après, trépigne à l'angle de Soufflot
    hèle un taxi, s'engouffre...
    laissant là-haut la honte, la morgue et le soufre
    - ah, j'y compte !

    Parisienne le temps d'être encore à mes yeux

    plus que rêve impromptu, le monde indubitable
    à l'angle de Soufflot, j'ai vu depuis ma table
    la scène que mon sang dramaturge et curieux
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    rendit plus comestible
    et par là me gavait d'autres reflets tangibles
    - si, je veux !

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Photographie : ©Gérard LAURENT, "Vinyle à la terrasse, rue Soufflot" (2008)