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  • altérités fractales

    Le corps s'est oublié quelque part alentour
    (pour se mettre à l'abri d'un familier travers ?)
    Barreaux scellés à l'habitacle aux rigoureux contours
    impossible d'ouvrir ni fermer les paupières

    Le regard fragmenté cherche dans l'alternance
    un chemin d'évasion à l'horizon marin
    où donner libre cours aux rêves laissés en souffrance
    et rhabiller le sort de plus vastes desseins

    Le besoin virulent, tenace, d'accomplir
    une équipée sauvage et folle au gré du vent
    occupe tout l'espace offert, brûle d'en investir
    dans le moindre intervalle un lieu d'embarquement

    L'obscurité s'acharne à contrer la lumière
    mais n'en saborde pas l'entier de son élan
    comme après son reflux à nouveau monte vers la terre
    le long bras de la mer chargé de goélands

    Gaëna Da Sylva, photographe

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    extraite de sa CHAMBRE NOIRE 

  • Glorioles

    gouttes-or.jpg

    Et cet or qui m'appelle !
    Il susurre mon nom, en tire les ficelles
    que j'entre en pantomime
    avec, au pied, ce chien familier, mon intime
    et vilain compagnon
    l'œil et la queue dressés, marchant sur mes talons
    pour la gloire
    d'être à catastropher une prochaine histoire

    Oh, tremper dans le vide
    et n'avoir pour plancher plus que cet or liquide !

    Viens-t'en, pâle gigogne
    monter un castelet pour m'en carrer la trogne
    que j'aie l'air de ce veau
    qui crache dans la soupe avant d'y fair' chabrot
    que j'épouse ta forme
    avec, en espaliers, ma nature hors la norme
    l'œil et la queue pressés
    d'aller goûter au fût d'une autre énamourée
    pour la gloire
    d'être à catastropher une migraine poire

    Oh, moucher cette emprise
    où s'animent du jour tous les "qu'on se le dise" !

    Et cet or qui me noie !
    que j'en ai le carné tout vaporeux d'effroi
    pour la gloire
    d'être à ne pas céder mon secret territoire

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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  • maintes nues

    DIALOGUE DE SOURDS

    ASLEEP.JPG

    Les mains disent beaucoup de choses sur un homme... ?
    Non :

    Les mains en disent long sur l'homme qui les porte
    à réparer le soir chez l'Autre qui l'accueille
    s'en saisit doucement, puis se les mène à l'œil
    pour y voir au plus près comme caresse avorte
    cherche à y remédier de quelque sorte

    "Une maille à l'endroit, une maille à l'envers
    "où donc sont les mitaines tricotées hier
    "- que j'en ai la migraine à vous entendre encore
    "annonçant votre mort quand je filais la laine
    "et lançant votre peine à travers le décor
    "craignant tant pour vos mains que votre propre sort ?

    "Plus froides sont - c'est entendu
    "les clenches donnant sur la rue
    "De là, nos vives empoignades
    "pour chauffer votre cœur malade
    "Sachant qu'il n'y suffirait pas
    "des mitaines en chinchilla,
    "pour me revenir, à coup sûr
    "les mains craquelées d'engelures !

    "Quel baume ou quelle pommade, vous faudra-t-il
    "pour vous rendre en toute saison la main habile
    "à me prodiguer des caresses
    "plutôt qu'à me prier sans cesse
    "de vous rafistoler la pomme
    "triste bonhomme ?"

    asleep_mucha.jpg***

    "- Tu voulais quelque chose ?
    "- Non, pourquoi ?
    "- On se lève ?
    "- Oui, ma foi...
    "- Tu sais...
    "- Quoi ?
    "- Tu parles avec les mains quand tu rêves."

    ***

    Les mains disent beaucoup de choses, en somme.

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire (avec incipit) - tiki#91

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  • Union Jokes

    à ma Toune

    Nous partîmes tous deux nos mains s'aimer le corps
    Voyez la centurie ramer notre galère !
    pour avoir avoué devant monsieur le maire
    persister dans l'envie de cheminer encore
    ensemble
    tant que nos yeux rient, que nos mains tremblent
    dans le prolongement de l'entrain
    qui nous mit face à face, un à un

    Dis, ça en fait des yeux alentour
    Qu'ils multiplient les pains, mais nous laissent l'amour
    et le rire
    à vivre le meilleur au plus fort de L'An Pire

    Par don, je te lis seule ainsi que tu me bois
    et, de là, nous plaisons à notre propre affaire
    qui est de consommer - non, pas comme il se doit !
    comme bon nous ressemble
    tant que nos yeux rient, que nos mains tremblent
    s'allant un à un sur notre terre
    délicieux, nourriciers, nécessaires

    Selon toi, pour combien de convives
    faut-il dresser la table et gâcher la salive ?
    (je veux bien en venir à se cracher dessus
     si c'est pour s'assouplir et se lustrer le cru)

    Pour moi, c'est trop de monde au sein de ce négoce
    à s'occuper d'en faire un foutu sacerdoce

    Ah, n'être qu'à nous-mêmes, seuls, et sans en devoir mais !
    à Toujours - ce linceul ! ni au triste Jamais;
    se fondre dans la glaise et n'envier au ciel
    qu'une profonde et lente goulée d'hydromel

    Et conter, de nos doigts agiles
    comme demain nous reste lointain et fragile
    et - oui ! s'en satisfaire
    puisqu'aujourd'hui nous aurons su nous plaire

    wénon, ça a du bon !

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • frayures

    ...de quoi, j'abyme ?

    Poussières, chapelure
    de nos terres trop dures
    vos amas que le vent soulève
    ne peuvent se prêter au rêve
    comme ce chapelet
    de nuages mouvants
    que je persiste à renouer
    avec mes yeux, mes mains enfants
    pour le plaisir étrange
    de se prendre à frayer avec les anges

    Montagne, césure
    perdition d'aventures
    ton collet s'offre des boas
    que l'horizon ne t'envie pas
    qui ceignent
    la pelade à ton cou de vieille teigne

    Aboie, chienne d'aurore
    Ce n'est pas devant toi que s'égaillent ces ors
    c'est plutôt qu'il leur reste à faire
    en moins d'une journée
    le tour de notre sphère
    avant d'aller pleurer
    à l'insu des étoiles
    sur les landes, les mers et les bateaux à voile

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi Du Samedi (#122)