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  • depuis sa turne

    qui fait le pont ?

    Toisant le fleuve assagi
    dans le redoux qui l’assèche
    une nef ourle son nid
    où quelques oiseaux revêches
    font escale avant la nuit
    protégeant du vent une mèche
    frêle plume où s’attendrit
    sous la mûre un filé de pêche

    Promeneur inassouvi
    - l’âme en quête de posture ?
    lève tes yeux vers les plis
    de ce front de pierre dure
    tout d’un livre y est écrit
    et dans cette littérature
    un destin s’est accompli
    dont tu foules la devanture

    Sur l’onde passent des ris
    qui emportent les échos
    où se mêlent de la vie
    les heurs, les pleurs et les mots
    les ponts retiennent des cris
    mieux que les feux des braseros
    qu’une mitaine assombrit
    sous la voûte d’un vieux manteau

    Si j’ai perdu l’appétit
    pour les agapes nocturnes
    c’est que le bel aujourd’hui
    régit mon rêve diurne
    et que sa douce anarchie
    pioche à l’aveugle à même l’urne
    où s’anime un franc roulis
    de menus fragments de Saturne.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • descente à la cave à charbon

    baby_sitter.JPG

    redore-moi vingt ans, je ferai tout pareil
    raillant, buvant et crachant mon sommeil
    sur le lit défait de soleils ramant, tirant
    là-bas, là-bas, la barque des Trois Vieilles

    raccorde-moi dix ans, et j'irai au charbon
    des cendres de mémoire le lent colimaçon
    me ramène à tâtons jusqu'à ces billes noires
    fiévreux prenant garde à ses pantalons

    renouvelle-moi l'an, je dormirai tout comme
    cet oeil encor noyé d'être trop petit d'homme
    sous le cheveu garçonne un air à vendanger
    la seule mère, seule et qui fredonne

    Le temps, goutte à l'oeil
    déborde sur la joue
    lèvre, tu le recueilles
    d'un baiser doux
    comme une feuille d'acajou

    Je couvre des miennes tes mains qui dansent
    enfant, dis-m'en ce que je pense

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Lisa G.

  • adieu alors

    lisa G. L'adieu à la muse

     

     

    l’adieu au front sévère
    passant la porte
    tue
    son étrange amertume
    avorte et pue

    s’il faut en avaler l’âpre déconfiture
    dis-le moi d’autrement plus simple vérité
    et je l’entendrai humble et pourrai l’accepter
    en terme d’aventure

    l’adieu pointe à la ligne
    l’adieu terrible, signe de la fin du temps
    le courrier sur la table
    d’une goutte de sans, dicte l’inconsommable
    et d’un trait se faisant, scelle de périssable
    l’infiniment

    adieu alors

    adieu à l’or de tes yeux
    qui regardent l’ailleurs
    adieu, trésor malheureux

    adieu, les contes merveilleux
    une histoire se meurt
    sous le vieux marocain à fleurs

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Lisa  G., L'adieu à la muse (2008)

  • amours filiales

    ceci n'est pas une super vielle

    Tu sauras bien trouver le filin qui me cueille
    et de l'âme et du rêve ; si tu franchis le seuil
    sans trop me retourner, tu pourras percevoir
    d'où vient que plus jamais je n'aime les miroirs

    J'ai la semelle prise au talon, à la pointe
    par tout le sang versé, toute l'à peine feinte
    longeant de l'océan l'écrin bordant la plaine
    nu-pieds je vais, lacées mes chaussures vers l'aine

    J'ai le point mal armé qui ne veut pas finir
    et son bel aujourd'hui qui ne saurait mentir
    ni prétendre au festin où campent les anciens
    qui sont des belles lettres, mais tristes à être

    Aussi précieux qu'ils soient, ma porte n'est pas close
    et ce manteau supportera leurs bras de roses
    mon joli Papagei veillera que l'on laisse
    en paix ce lot qui baille ; "ok, Nevertheless ?"

    J'ai la paronomase au bord de l'asyndète
    et des allégorythmes plein les épithètes
    afin que de l'emphase au coma elliptique
    on fasse table rase et foin d'académique

    J'ai le pied dans la forgue et ça brûle au jabot
    ça jure un nom de dieu ! sans être plus falot
    que naguère Sa Main, une tulipe aux doigts
    me disant : allez, tiens, attrape, verse et bois !

    Alors mon bel oiseau dont j'emmanche les ailes
    aussi le bel canto à la superbe vielle
    je te prénomme Jules et te signe à nouveau
    tandis que du lointain claironne le coq, tôt.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Guy THIANT.