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marée basse

  • solero

    Sa lèvre ourlée de mousse attend que je l'embrasse
    d'un lent panoramique amoureusement vert
    je goûte avec bonheur cette langue de mer
    qui écarte les doigts de notre terre grasse
     
    Opérante magie d'échos luminescents
    l'orfèvre tragédie du jour contre le soir
    remue sa féérie d'ordres contradictoires
    sur la table servie pour leur assemblement
     
    Là, je prends la mesure au cordeau de mon être
    avec le poumon plein des chansons du métier
    avec le poumon plein de l'envie de crier
    et le cœur au-dessus qui soupire : « peut-être... »
     
    En d'autres lieux-sans-doute avec toi contre moi
    (tellement que tu m'as traversé !)
    à siéger au chevet de tes obscures lois
    j'eusse été le jeu de leur toupet
     
    Rendu à la valeur des souffles généreux
    dans la paresse de leurs dentelles
    fouillant du nez leur sein organique et soyeux
    j'enclenche à nouveau la manivelle
     
    Où que partent les pluies que fourbit le marin
    elles n'ont plus le goût de mes pleurs
    l'Aujourd'hui me suffit; que passe leur chemin
    loin de l'herbeux regain que j'effleure
     
    (De feu, point !
     Et d'entendre son chant délirant encor moins !)

    Laurence Le Masle qu'elle m'a fait !

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • La mer qui vient...

    marée basse

    La mer qui vient le cheveu lourd et l'enroule à mes pieds
    je la retrouve le front large et dégarni
    la voix pus faible sous le vent des terres qu'elle a fui
    La courbe de son dos, avachi, fatigué
    s'étale sous la charge brute comme un âne mort
    du plomb qui se refuse à se changer en or
    quand c'est le moment de passer du jour à la nuitée

    Sa voix, quoique plus faible, je l'entends me rapporter
    le murmure obstiné d'un désir vif encore
    d'oser aller sans défaillir au-delà du décor
    sonder les énergies qui forgent le respect
    pour l'amour du grand large d'où l'on ne sait revenir
    sans avoir mesuré comme tout peut finir
    chaque fois que les éléments nous auront épargnés

    La retraite forcée des eaux devant le littoral
    sous la pression du ciel et ses dieux accomplis
    me saute alors aux yeux pour la violence du conflit
    que prépare à l'abri de son for abyssal
    un élan résolu à revenir en conquérant
    à l'avant de son flux, des béliers rugissants
    contre digues, dunes, falaises, lanceront leurs pals

    Mais cette vieille aux jupons troussés sur le haut des cuisses
    dont la gorge se plisse au rythme du poumon
    avec le cheveu, rare aux tempes, serré en chignon
    abrutie de sommeil dans sa robe réglisse
    prête à former des songes plutôt mornes que vivaces
    - comment se figurer la rage qui menace
      de tout balayer d'un geste et que le monde finisse ?

    conque errant
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK