La mer qui vient le cheveu lourd et l'enroule à mes pieds
je la retrouve le front large et dégarni
la voix pus faible sous le vent des terres qu'elle a fui
La courbe de son dos, avachi, fatigué
s'étale sous la charge brute comme un âne mort
du plomb qui se refuse à se changer en or
quand c'est le moment de passer du jour à la nuitée
Sa voix, quoique plus faible, je l'entends me rapporter
le murmure obstiné d'un désir vif encore
d'oser aller sans défaillir au-delà du décor
sonder les énergies qui forgent le respect
pour l'amour du grand large d'où l'on ne sait revenir
sans avoir mesuré comme tout peut finir
chaque fois que les éléments nous auront épargnés
La retraite forcée des eaux devant le littoral
sous la pression du ciel et ses dieux accomplis
me saute alors aux yeux pour la violence du conflit
que prépare à l'abri de son for abyssal
un élan résolu à revenir en conquérant
à l'avant de son flux, des béliers rugissants
contre digues, dunes, falaises, lanceront leurs pals
Mais cette vieille aux jupons troussés sur le haut des cuisses
dont la gorge se plisse au rythme du poumon
avec le cheveu, rare aux tempes, serré en chignon
abrutie de sommeil dans sa robe réglisse
prête à former des songes plutôt mornes que vivaces
- comment se figurer la rage qui menace
de tout balayer d'un geste et que le monde finisse ?
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK