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francis bacon

  • brossé

    Des heurts plein sa maison - toile peinte à la brosse
    le cœur, à sa chanson, la main posée dessus
    mélancolique humeur, fidèle et rebattue
    broie son bouquet de pleurs, de sang, de chair et d'os
    reprend sur le métier son étude féroce
    accordant trait pour trait les fragments de son cru
    puis s'étale
    de toute sa surface de sentimental
    sur les tissus et les textures
    tyran ! à lui, la couverture
    les fibres charnues et veineuses
    le jus des suées savoureuses
    la panoplie faste, complète
    courant des pieds jusqu'à la tête
    le corps pris
    le voilà maître du moindre espace de vie
    à l'œuvre...

    D'un rai de sang les limbes font
    un plat couchant à l'horizon

    D'ossements poudrées, les collines
    croûtent sous des laves marines

    Un lacis de cheveux grisâtres
    pour l'herbe où jambe ne folâtre

    Des tendons et des nerfs en boules
    n'empêchent qu'un fleuve s'écoule

    La salive a tout barbouillé
    de ses trop voraces baisers

    Des jets de matières fécales
    fleurissent chaque verticale

    Rognure d'ongle éparpillée ?
    Coquillages dénaturés !

    Mou tamis de lambeaux, la chair
    densifie l'opaque atmosphère

    Veines engluées de maroufle
    fanals stupéfaits, sans un souffle

    Le suspens !
    a retenu l'artiste main du maître à temps

    Le corps fait un pas en arrière
    sans vraiment quitter sa partie
    Dessus, la face mal polie
    assouplit son masque de terre
    sourit ?
    grimace ?
    Mince déjà, la furtive expression s'efface
    met en place la réflexion
    l'intègre
    à son inanité allègre
    dans les ravines de ses joues
    dans les plis noueux de son cou
    Dans les tremblements de son buste
    la certitude satisfaite d'être juste

    Contemplation paradoxale, dos au mur
    l'œuvre achevée, un cœur adore son épure

     

    Pur Rien, hommage à F. Bacon...

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Heaume de Prince, ©2009 Pur Rien

  • horreur, merveille

    (hommage gothique à Francis Bacon, artiste peintre)

     

    agrandirHorreur, combien je te préfère
    à l'angoisse et ses peurs
    sans visage, sans nom
    sans rien qu'un tourbillon
    où l'enfer
    est une rêverie sans aire

    Horreur, ta laideur stupéfie
    mais quand je soutiens ton regard
    j'y connais mon parti
    j'y entends ma nature
    et comme elle t'épouse la texture

    Horreurs...
    ta viande hachée qui crie
    ton sourire emporté à demi
    tes yeux mous dans la terre
    tes joues marquées au fer

    Horreur, sur ton fumier
    se peut-il que j'espère ?

    Horreur, tu m'as lancé ta tête
    je l'ai saisie au vol
    et pour lui faire fête
    laissée rouler au sol
    elle m'y a léché les pieds
    comme une folle

    Horreur, quel goût peux-tu avoir
    pour ma carne d'homme ?

    Ne sais-tu pas ces fruits plus goûteux que la pomme
    et si juteux qu'à boire on s'enivre à bon compte
    quand on oublie un peu de sa peine et sa honte
    et que tout le sang râle et nous enjoint d'aller
    curer, mordre, sucer, jouir de cette chair
    qu'on n'a pas de plaisir sinon à satisfaire
    et la soif et la peau, entières ?

    Horreur, j'ai ton nom sur la langue
    et n'ose t'invoquer
    que dans l'inimitié
    si vive, si profonde
    que l'autre fait surgir en un coin de ce monde
    où je cherche la paix
    l'autre, qui me harangue
    me sert une envie de tout assassiner
    à perdre de l'esprit l'entier

    Horreur, je te connais
    à table je t'invite
    à dîner d'une soupe
    il y trempe du laid, du maigre
    et dans ta coupe
    je verse un peu du sang - ce régal !
    que j'ai repris aux miens
    - qu'ils pleurent du vinaigre
    la face dans leurs mains

    Horreur, si je t'épouse
    me feras-tu l'honneur
    de me passer la blouse
    dont tu revêts tes gens
    quand ils vont officier
    sur les champs de bataille
    pour approvisionner
    tout ton content d'entrailles ?
    Ainsi, tu me rendras pareil
    à ces nuits dans la nuit qui mangent le sommeil

    Horreur, merveille.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Francis Bacon.