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paVupApRi - Page 155

  • miroir, miranda

    Miroir ? Oh, tes violences !
    et ça depuis toujours...

    Tu m'arraches ma mère

    me reproches ma peau
    me présentes l'inverse où je cherche à savoir
    comme il arrive à l'autre de me percevoir
    et de me juger beau, laid, fatigué même
    enfin, tel que je suis au moment qui importe
    là où il t'indiffère - où te pose problème ?
    de m'être en quelque sorte
    possiblement fidèle,
    impitoyable, cru,
    flagornerie mondaine,
    benoîtement cucu...
    Hypocrite !
    Je m'en veux de répondre encore à ton invite
    au détour d'un reflet saisi du coin de l'œil;
    tu n'es pas nécessaire et ne me serviras
    qu'une fois au cercueil, ha !
    - où j'aurais pris ma pose très ornementale,
    quand, devant mon visage en vraisemblable paix
    timide, tu viendras te placer sous mon nez vide
    alors, j'aurais l'insigne honneur de refuser
    le baiser de mon souffle à ta face glaciale, té !

    Miroir ? Oh, Miranda

    allez, range-moi ça

     

    TIMOR9.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration d'après Ernesto TIMOR
    "l'incendie du palai des glaces" [double trouble] © 2001-2009 Ernesto Timor.

  • Bouillon, Esprit : Question

    (défi domestique)


    Que l’on brûle de fièvre
    je n’en disconviens pas
    Bon, c’est qu’on manque de lèvres
    abouchant le téton
    pour avoir son content de (mièvres ?) émotions, là

    Mais à manquer d’esprit

    là n’est plus la question
    On brûle tous ses rêves
    et on boit le bouillon
    Fade, la vie s’achève en queue de poisson, na !

    queue2poisson.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Grande première

    Pauvre, le rire passe et claque des talons
    s'efface, emporté par les sifflements humides
    glissant sur la chaussée où la journée se vide
    et draine un long ajournement de peine humaine
    à l'heure où vêpres sonne au clocheton
    le prompt rapatriement des singletons

    Impaire, une frise de néons clignotants
    électrise des yeux saisis d'envie puérile
    et la fièvre flouée des amours malhabiles
    s'invente un réconfort de carne appétissante
    sous des voiles plastiques transparents
    qui pointent dru au tétin provocant

    Oh, calade !
    je l'aurais vue plus gaie, ta promenade
    O tempora, o mores !
    À battre le pavé, la monnaie de ta pièce
    expire
    et n'aura bientôt plus que du soufre à gémir

    Lui qui va comme il peut après elles, toujours
    jette sur son épaule un rabat de sourire
    tient dans sa main gantée son dû pour le moins pire
    et jauge, habitué qu'il est, la crèche où on le loge
    (il fit son choix après son petit tour
    parmi les friandises dans la cour)

    Bégueule, elle annonce le prix comme il se doit
    et feule un ordre avilissant qu'il exécute
    surpris d'en apprécier autant la force brute
    salive, avant de tout céder à la dérive
    maintenant ligoté, les bras en croix
    savoure et jouit pour la première fois

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#77

     

  • Poche trône

    livre-ouvert.jpg

    Le livre dans ma poche est plus lourd que moi-même
    Je le lis pour moi-même, il est plus lourd encore
    Je le lis pour le dire et il prend un essor
    que j'ai bien peine à suivre
    Parole ! c'est un jet, ce bonhomme de livre...

    Toi, tu as embarqué à son bord
    mais moi, je suis resté là, dehors
    accrochant mon entier à chaque phrase dite
    le souffle ravagé par la moindre virgule
    au rythme soutenu d'un point par crépuscule
    - ça fera bientôt plus d'un mois, dites !
    que cette occupation m'habite
    et de page tournée en page résonnante
    je ne sens pas le livre amorcer sa descente;
    pendant qu'à ton hublot tu comptes les paliers du ciel
    savourant tous les mots qui disent "tu es belle"
    "ah, tu le savais bien" et "cela va sans dire"
    Mais si ! mais justement ! et mon état empire :
    le temps, je ne sais plus ce que c'était avant
    le geste, un paragraphe, une ellipse... la peste !
    la mer, un drap qui vole aux bras des lavandières
    le vent de sa forêt égaille la volière
    et ça piaille !
    (les oiseaux ne savent pas le braille)
    nous avons pris tant de hauteur
    que je ne connais plus ni le nom de l'auteur
    ni le titre du livre en édition de poche
    - je pourrais regretter la boue sous mes galoches
    mais dans ce tourbillon littéraire
    je ne suis pas d'humeur à regagner la terre

    ...alors, je lis
    pour la joie de te boire ivre d'écrits

    Quoi, déjà la dernière page ?
    mais tu sors de ta poche un autre bel ouvrage
    et le tends
    pour que nous repartions d'un tout nouvel élan

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • après vous

    Après la bouche qui caresse
    la main, fraîche caresse encore

    Puis, dans les corps abandonnés
    la vie qui singe la mort

    Sur la courbe nue de la fesse
    la chaleur d’une tache d’or

    Juste avant son oubli, l’ivresse
    à l’œil qui se ferme et s’endort

    Les corps lourds ont le cœur léger
    Il s’envole par la fenêtre
    un souffle d’âmes délestées
    rejoignant le tableau de maître

    wassily-kandinsky-courbe-dominante.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration : Wassily Kandinsky, Courbe dominante.