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impromptus - Page 8

  • deux sans voie

    Chemin, de GaënaSur ce bout de papier griffonné à la va-vite, tout la résume. L'invite, aussi laconique et limpide que peut l'être son souffle dans les bois - où j'aime à la rencontrer, la provoquer, la titiller, tenait en quelques mots discrets.
    Je l'ai découvert dans ma poche, alors que je rentrais chez moi, l'esprit tout encombré de son dernier murmure, avant de me quitter, en bas : "...cherche, va, tu me retrouveras".

    Une pleine semaine par les Bois de Gahenne à user les chemins, sa note dans mon poing. Mais d'elle, rien de rien.

    La fatigue me prit et je me suis assis, la tête dans les mains et le regard meurtri. Au pied d'un de nos arbres favoris, mon cœur à la croisée de sentes tortueuses, je me désespérais de revoir jamais ma douce, ma lumineuse.

    Puis elle est arrivée, presque nue jusqu'aux pieds. Ma muse. En silence. Tendant ses bras vers moi, elle sortait de l'absence comme on quitte un sommeil, l'œil encore ébloui par de riches et tendres merveilles.

    Me vint alors, dans ce décor serein, cette pensée enfin (la voie de la simplicité parle d'elle-même, ravie, pleine, bohème) : chacun chemin faisant, être deux sans mot dire, s'aimant.

     tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #8
    200 mots pour
    "La voie de la simplicité"

    illustration extraite de La CHAMBRE NOIRE
    Photographe : Gaëna

    [clic on zeu pix]

    ___________________________________________________________________

    Supplément impromptu ; HAIKU de May :

    ce chemin de vie
    la simplicité s'élève
    où d'autres s'achèvent

  • dinde

    chambre 121

    Tous les soirs, c'était
    la même farce, allez!
    sur mon pré carré
    le trottoir d'en face
    'suffit que je siffle
    voilà qu'un sous-fifre
    entendrait chanter
    les trompettes de la renommée

    Selon l'expression
    consacrée, dit-on
    je le fais monter
    dans mon "nid douillet"
    avant qu'il soit nu
    réclame mon dû
    et toujours sifflant
    vérifie l'intrument, avant

    Y en a de pressés
    y en a qui pianotent
    y en a qui voudraient
    garder ma culotte
    et ces vieux garçons
    lents au démarrage
    comme un hélicon
    dont il faut réchauffer l'alliage

    La farce ? j'y viens
    vous vous doutez bien
    que, pour l'hallali
    (à cor et à cri ?)
    mes tambours battant
    'trouvez ça drôle ?chapelets d'ahan
    mes airs de tango
    pour sûr que c'était du pipeau!

    Tous les soirs,
    c'était la même farce
    et si les clients
    étaient bien à plaindre
    c'était toujours moi
    la dinde.

     

    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    supplément aux Impromptus Littéraires
    dont la consigne hebdomadaire
    (pour leur retour en fanfare)
    consistait en cette phrase d'intro:
    "Tous les soirs c'était la même farce"
    + l'insert d'instruments à vent.

    tiki #7b

    ________________________________

    et en supplément aux illustrations :
    cette peinture de Rhona

    fille-de-joie.jpg
    Rhona - Fille de joie, 2007.

     

  • enfanfarce

    pouet! tut! tiroulirouli!

    Tous les soirs, c'était la même farce
    à la même heure, impromptu
    le même bonheur ingénu
    et d'y prendre un malin plaisir
    et de saisir au dépourvu
    la garce
    et son mari ventru

    Pas un de nous qui n'y déroge
    tour à tour, on se relayait
    ou tous ensemble on attaquait
    au bas de l'escalier, la loge
    et ses deux occupants falots
    pestant à chaque nouvel assaut
    et maudissant notre famille
    trop bohème pour leurs espadrilles

    Mehdi qui jouait du piano
    prenait de grands coups de balai
    et ça martelait son plancher
    jusqu'à sa leçon terminée
    je lui ai prêté mon saxo

    Chrissie ne jouait de rien du tout
    on lui fabriqua un kazou
    Samuel jouait du violoncelle
    mais lui préférait la crècelle
    pour se joindre à notre fanfare
    improvisant dans le couloir
    des cacophonies inhumaines

    Notre revanche quotidienne
    de musique contemporaine
    déchaînait toute sa furie
    contre tous les Tino Rossi
    braillant de chez les "cons-bougies"

    Moi, l'aîné, j'avais ma partie
    je la jouais 'pas vu, pas pris'
    p'tits saligauds, va!avec la batterie de cuisine!
    vous n'imaginez pas la mine
    d'objets, de trucs et ustensiles
    tous animés et bien sonores

    Quand j'y pense, j'en ris encore
    sur le palier de ma mémoire
    résonnent des bruits de couloirs
    quand ça tempêtait haut et fort :

    "Mort aux ténooooors!" 

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki#7a