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  • Larmes de Celle

    (la femme de Loth, con !)


    La femme de LothQuel nom était le tien, Statue de Celle
    qui fut
    marchant
    laissant les autres devant
    de ton pied caressant la route longue et dure
    évidemment vivace, belle et sûre
    et le sourire aimant
    quand parfois le silence
    vibrant du fait de ta seule présence
    t'enrobait l'alentour
    avec cette attention diffuse, calme et bienveillante
    qui parfume les muses
    des légendes atlantes
    ou se peut ressentir au petit jour
    qui monte maintenant
    et t'embrasse en retour

    C'est quelque vieux bavard
    au ton bien inspiré
    qui conta ton histoire au troupeau en exil
    lui laissant pour mémoire
    depuis ce temps d'arrêt
    une tache à la marque indélébile

    Des scribes scrupuleux
    en tirèrent un livre
    prétendant à un nouvel art de vivre
    Un ordre impérieux
    en dévoya le sens
    et noya tout le sel de l'existence
    dans les larmes, le sang, honte et obéissance

    Vinrent les temps de pendre et torturer
    la chair humaine à vendre et déporter
    en priant d'implorer miséricorde
    les mains entravées, le cou dans la corde
    pour expier le crime abominable
    de n'avoir pas voulu renier son pain ni son étable

    Ce nom que je lis, ce n'est pas le tien
    le lire comme le dire me laisse froid
    mais plus je te regarde
    figée dans ton effroi
    plus m'insupportent le dogme et la loi

    Car, je ne risque rien à jeter à loisir
    par-dessus mon épaule un regard en arrière
    aucune contrition ni aucun repentir
    encore moins les affres d'un pénible enfer
    ne m'empêcheront de te revenir
    que des yeux je te pose ma question
    Statue de Celle Qui Fut quel était ton nom ?

    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • L'Escargot de la Gare Saint-Lazare

    LE BECHEC, dessinateur

     

    Le carnaval des pieds a repris son grand cirque
    Ça martèle à tout va sur les pavés humides
    ou les revêtements onéreux des grands-rues
    Ça déverse des gens, des jacquots et des grues
    et tout ça pour qu'existe
    le mépris souverain d'un monde réaliste
    pour les choses artistes :
      geste
      regard
      verbe
      ou l'arpège fiévreux de l'accordéoniste
      (qui m'encombre
       mais que j'apprécie mieux que les hymnes de l'Ombre)

    Voyez, ce soir encore en gare Saint-Lazare
    chargé comme un mulet déboulant de l'Isar
    je croisai une dame, allez, comme un poteau
    (un obstacle ? un boulet ? un genre d'escargot
    en guenilles ?)
    allant prendre mon train comme un troufion sa quille
    Elle était sur ma route et ça m'emmerdait presque
    quand je réalisai soudain tout le grotesque
    de la situation :
    Elle monte
    Je descends
    après moi, excitée, toute une talonnade
    me poussant à me joindre à cette bousculade
    dans le flot
    de ceux qui se comportent comme des salauds

    Je l'évite, c'est un fait
    mais sans plus d'attention pour ce qu'elle portait
    bien en chair
    ancré comme on marquait autrefois les sorcières
    de l'opprobre
    que jettent les idiots, hypocritement sobres
    sur l'étrange
    la surprise
    à force d' « attention ! » et de « qu'on se le dise...! »

    Bêtise ! et j'y cédai...
    en tirant après moi ma charge vers le quai
    abruti de vacarme

    Cependant une larme est née de ce conflit
    J'en savoure l'alarme et la dépose ici
    en confiance
    que de ces mots l'esprit touche votre conscience
    tandis que par les rues reprend le carnaval
    des semelles têtues ne songeant pas à mal.

     

    PESSIN, dessinateur

    SDF, l'asso

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration d'en-tête extraite de Grands Reporters, dessin de Yann Le  BECHEC

    Illustration de bas de page : dessin de Pessin, publié sur Le(s) suiveur(s) de choses

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