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  • Un jour de pluie sans nom

    Voici que tombe un nom, à nouveau, sur le sol
    de ma poche trouée ou d'un trop long envol
    J'en connais la musique; où reste son visage ?
    J'allais marcher dessus, mais je l'ai contourné
    Il avait beaucoup plu, il pleuvait davantage
    et j'avais de parures neuves pieds chaussés
    Je m'arrête un moment devant ce nom qui flotte
    dans la flaque où trempaient des feuilles déjà mortes
    Il perd de sa superbe et ses lettres s'étalent
    ou se font bombarder par la pluie qui redouble
    Le temps de respirer, la flaque est plus que trouble
    et fredonne ma bouche un nom moins abyssal

    poésie,anonymat,mémoire,automne,superbe,boisset



    iniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • jactances

    Lui :
    Sans conscience, petits, petites, tralalas
    jugez, bavardez bien, répétez les histoires
    tirez aux puits de honte, orgueil et vaines gloires
    vos branlettes sans faim, mais ne m'ennuyez pas !

    Je suis l'homme, assis, las, qui vous regarde faire
    youpi et tralalère, et jeter l'hallali
    sur d'autres qui n'ont pas ni mènent train de vie
    comme vous en grisez sans craindre aucun enfer

    Elle :
    C'est ça que tu nous dit ? Oh, vieux ! comme tu parles !
    Eh, charlot ! Eh, bandit ! Va péter ! Va mourir !
    Nous sommes la jeunesse et comptons en finir
    avant qu'on nous appelle Arthur, Chéri ou Charles !

    Lui :
    Finir ? Nous y allons; que dis-je ? Nous y sommes
    Demain n'est qu'une idée comme hier, savoureuse
    tant qu'on regarde au ciel briller la Bételgeuse
    et qu'on a su garder en bouche un goût de pomme

    Elle :
    De qui ? De quoi ? De que ? Vieux, c'est quoi ton problème ?
    On est ici heureux, tranquilles, sans espoir
    On s'est bardé de cuir, de feu et de fard noirs
    On va claquer nos sous, quoi, pour aucun "je t'aime"

    Eux :
    - Et les pauvres ?
    - On s'en fout !
    - Et l'horreur ?
    - On s'en tape !
    Rien ne nous pend au cou et rien ne nous attrape !
    - Et quand vient au matin, ton visage au miroir... ?
    - Je mange un Navarin trempé dans un jus noir !
    - Mais ton sang, quel est-il ? Où vas-tu le répandre ?
    - Eh, l'Autre ! C'est ton style ? Ha ! Tu joues les Cassandre ?
    OK, Vieux ! C'est la vie... Tu crois nous avertir
    mais nous avons choisi de nous en divertir !

    Lui :
    Ah ? C'est bon... Poursuivez... Brûlez vos allumettes...
    Soit, ne partagez rien qu'entre vos évidences
    Profitez bien du vin ! Grisez-vous d'une danse
    Surtout, ne changez rien ! Joyeuses alouettes

    Elle :
    C'est ça; bon, allez, Vieux... Restons-en là, OK ?
    Les pauvres - bon, les gueux ! savent y faire aussi
    pour boire leur content et s'aveugler l'esprit
    et nous la bailler belle en beuglant sur le quai

    Lui :
    Les pauvres ? mais, c'est vous, qui en avez conscience
    et gâchez votre saoul dans l'oubli de vos pairs
    fuyant toute chanson aux relents de misère
    et n'accordant la main qu'à votre connaissance

    Elle :
    Oui ? Eh bien, ça ira ! Nous, on va se marrer
    Toi, reste là, le Vieux. Bouge pas. Reste sage.
    Aux mouettes, va livrer ton triste bavardage
    Il nous reste, avant tout, la jeunesse à brûler

    Le Vieux se lèvera quand il seront partis
    bras dessus, bras dessous, riant dans le crachin
    Lui, seul avec sa peau fripée de maroquin
    se fendra d'un clin d’œil orange dans la nuit

    dialogue de sourds

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK