Je tenais sur le pont, fidèlement, mon quart,
lassé - depuis le temps ! des troubles jeux dans l'onde
pour n'y avoir puisé aucune idée féconde
et m'occupant d'un ciel qui n'eût pas tant d'égards
à mon quelconque endroit.
Ils sont venus de loin, chacun son familier,
le front bas, l’œil humide - et la semelle, encore !
Ils menaient leur défunt vers son dernier débord,
suivant le benjamin et l'urne dépouillée.
Il n'y eut pas de chants, pas de pleurs, pas un mot,
quand l'urne, dans les flots, déversa la dépouille
dont l'âme révéla bientôt sa teinte rouille;
puis le cortège prit le chemin des coteaux...
"Ah, c'est à moi de jouer !" fit l'homme sur la berge,
un matériel expert pendu à son épaule;
une fois apprêté, il brandit une gaule
et pécha, sans broncher, en main sa longue verge.
Dans l'heure qui suivit, il fut à son affaire.
Après quoi, il semblait en être bien content;
sa mouvante musette à lui battre le flanc
appuyait son effet sur sa posture fière.
De rouilles oxydées les ondes reverdies
grouillaient de colonies d'âmes toujours moins fraîches,
peinant, à contre-cours, dans les algues revêches,
guidées par le fumet du dernier mort, ici...
Le ciel bouda plus fort - occidental affront !
enchassant l'horizon sous son bonnet de nuit
et l'haleine pesant dans l'air et sur les bruits.
Soit... liquidé le quart ! j'abandonnais le pont
pour un nouvel ennui
tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#252
Illustration : Crédit photo © Tisseuse
Commentaires
Et voilà !
Va brosser...