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  • trouble vision

    Ernesto Timor, "Est-ce que vous existez ?"

    Trouble ! Trouble ! Tenace trouble !
    Mon cher et fourbe trublion
    De mes fantasmes l'aiguillon...
     
    Comment jeter aux gémonies
    les récurrentes ophtalmies
    qui m'enflamment l’œil - et le bon !
    avant d'embuer la vision
    que j'ai d'un monde parricide
    avant de lécher tes subsides
    à même la fraîche paroi
    que tu mets entre Lui et Moi ?
     
    Tu diras que j'ai trop bu, et
    c'est vrai que j'aime ta buée
    à la lampée ! à la goulée !
    tant que tout cet air mal léché
    opposera ses acuités - bien qu'éphémères !
    au plaisir de laisser planer dans l'atmosphère
    quelque trouble persévérant et son mystère
     
     
     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un nouvel et amical regard croisé avec Ernesto Timor...
     
     
  • Toi, émoi !

    A la deuxième personne du singulier...
     
    Je me rappelle à ton émoi
    (le premier entier sous le ciel)
    les vents ouvraient là-haut des voies
    vers quoi tu lançais des appels
     
    Le nez collé à la fenêtre
    à genou sur le coffre plein
    d'un fatras prodiguant peut-être
    un hier plus doux à deux mains
     
    Tu fredonnais des mélodies
    rameutées d'archaïques âges
    Un lent remède à ton ennui
    à défaut de plus sûr courage
     
    Tu savais n'avoir pas les mots
    (mais tu les trouverais plus tard)
    pour orner de coquelicots
    l'alcyon niché dans ton regard
     
    Si souvent le fleuve a mué
    de l'or au brun sa course lente
    Lui as-tu, par foi, murmuré
    le secret de ta peine aimante !
     
    Des martinets la virevolte
    un temps, ne te parut pas digne
    de la nébuleuse révolte
    où s'abreuvait ton Chant du Cygne
     
    Tu es sorti du long silence
    qui t'aura saisi à la gorge
    peut-être par inadvertance
    par le désir qu'un songe forge
     
    Un soleil nu à chaque bras
    flanqué de matins prometteurs
    est-ce toi que je remets, là
    où cessent ta fièvre et tes peurs ?
     
    Tes yeux sont les miens désormais
    Tu m'as mis tes mots dans la bouche
    Et par ta malice, Poucet
    m'enhardit l'ombre que je touche
     
    Tu me raccordes cet émoi
    jadis éprouvé sous le ciel
    Et que je m'en morde les doigts
    si j'oublie jamais ton appel !
     
     
    deuxième personne du singuliertiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#205

  • vol stationnaire

    Progressant à l'aveugle, il marche sur les yeux
    son regard amoureux absorbé dans les aires
    Un moulin au poignet caressant l'atmosphère
    il sifflote aux oiseaux des ordres granuleux
     
    Au banc qu'il a quitté trône le nom d'un mort
    Du festin quotidien le vent souffle les miettes
    qu'éparpillent déjà les roues des trottinettes
    vers la carne du quai, plus sablonneuse au bord
     
    Somerville attendra, le fou sur la colline
    entraîne malgré moi par les ombres du Ouaisne
    à l'invite un besoin d'oublier la semaine
    et de boire au goulot la promesse marine
     
    Sous la grasse aubépine, une berce commune
    redouble de blancheur en baillant ses ombelles
    un gobemouche gris répondant à l'appel
    quitte sa cavité, lance un cri de fortune
     
    À présent voletant près de l'épaule accorte
    où deux doigts mollement posent un papillon
    il hésite et soudain file comme un larron
    D'un claquement du bec fête ce qu'il emporte
     
    Normoint ripe à main gauche et le chemin s'éclaire
    Des ourlets de bruyère adoucissent la baie
    La fraîcheur cède enfin aux avances de mai
    qu'abrite Saint-Brelade et quémande Corbière
     
    Tu le sais mieux que moi, qui vas ta route sûre
    avec les passereaux, prodigieux familiers
    une main dans le dos, l'autre à ton journalier
    ouvrage bienveillant d'oiseleur à l'air pur
     
     
    gobemouchetiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#204