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  • 2012 Pénélopes

    Gaëna Da Sylva, photographeUn murmure de soir a soufflé sur ses doigts
    Ombres ébouriffées, l'allée sage s'étire
    Un lacis de serpents bouge au moindre soupir
    et se frotte à l'épaule, à son pâle beffroi

    La buée du regard s'écoute chavirer
    dans les plis fatigués d'une antique posture
    avec le poing crispé sur l'épaisse tenture
    encadrant la fenêtre où nul n'est arrivé

    Sous la pression d'un ciel imprimant son déclin
    un astre hésite encore à rougir davantage
    au rang de peupliers les plus rares feuillages

    L'énigme irrésolue replie son maroquin
    Il ne paraîtra plus aujourd'hui, c'est certain
    La rue peut s'encombrer d'anonymes partages

    ***

    Il viendra
    Il arrive
    Il l'a dit
    Il l'a dit
    Il était dans mon ventre quand il a promis

    Oh, comme il aura faim !
    Oh, comme il sera fou !
    Comme il sera grand temps d'être ensemble partout
    de régner sur le monde en lui donnant le sein
    de repeindre l'orage avec notre sueur
    de sourire endormis à notre plein bonheur
    Oh, dormir !
    en n'étant pas inquiets, demain pourra venir
    ce sera aujourd'hui
    et encore, et encore...
    Et nos yeux nous seront le plus vaste décor

    Gaëna da Sylva, photographeIl viendra
    - mais bien sûr !
    puisqu'il me l'a promis
    Il viendra, c'est bien sûr
    Il l'a dit
    Il l'a dit

    ***

    Anonymes peuvent paraître
    à l'enfilade les fenêtres
    mais que vitre vienne à vibrer
    qu'un doigt sépare leur ourlet
    qu'un hiver de frimas redouble
    et révèle une buée trouble
    alors tout le sang contenu
    l'espoir qui se serait perdu
    les pleurs que masquait un soupir
    et le fol élan du désir
    échappent
    aux civilités scrupuleuses dont se drapent
    les huissiers rigoureux de l'être
    et s'illumine à la fenêtre
    insigne
    une âme
    dans l'éclat pur et particulier de son drame
    digne
    patente
    signant de son total amour
    l'attente ?

    ***

    Gaëna Da Sylva, photographe"Oh, qu'Une...!"
    et même et seule et pâle comme Lune
    inamovible face au monde
    bienveillante et calme, féconde
    au fil des heures s'émoussant
    un apathique emploi du temps
    coulant son regard nyctalope
    (apanage des Pénélope)
    sur l'avenue des anonymes
    retours aux affaires intimes
    frémisse encore
    certaine d'être arrimée à bon port

     

     

    Just watchin' you without me

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré de trois photographies extraites de LA CHAMBRE NOIRE
    de Gaëna Da Sylva


    Illustration sonore : par ici...
     

  • Derrière, soit

    Derrière
    dans sa verte lumière
    l’âme erre à sa besogne
    au jardin séculaire
    des printemps mensongers;
    les jours qui ne viendront
    qu'au prix d'horribles nuits
    passées dans des bras morts
    à redouter leur fruit
    sanguin et familier

    Derrière
    le chemin séculier
    du corps à sa douleur;
    la terre qui transpire
    une peine immuable
    et tout son saisonnier
    de cortèges, de fables
    de plaintes rengorgées;
    car c'est l'ordre des choses
    et que c'est bien ainsi;
    qu'ainsi l'a dit le père
    à la parole close
    au tonnerre sans foi
    d'un murmure assassin
    dans un silence plein
    des mes cris intérieurs

    Derrière
    un râle de misère;
    le corps à sa douleur;
    le jour qui ne viendra
    que trop tard et sans fin;
    la mère à son ouvrage
    immuable et pénible
    avec les mains dans l'eau
    à frotter ou à tordre
    le drap, le cuir, la peau
    avant de s'aller mordre
    à son tour la poussière
    la sciure humide encore
    ou le faisceau de paille
    été, automne, hiver
    et tout le tralala
    des printemps mensongers;
    la mère à sa besogne;
    la mère à se plier
    pour loger comme il faut
    son corps au bon endroit

    Derrière
    dans un silence plein
    de mes cris intérieurs
    le corps à sa douleur;
    le jour qui ne viendra
    que trop tard et sans bruit
    passée l'horrible Nuit
    du géant Familier
    aux bras venus me prendre
    aux mains venues me tuer
    ça, et le reste avec
    et tout son tralala
    de printemps mensonger
    de murmure assassin
    et de sueur infecte;
    le regard insoluble
    et total et sans joie

    3753558267.JPGDerrière
    - derrière, derrière, derrière...
    je laisse toute affaire
    au jardin familier
    des printemps mensongers :
    le siècle de mon père
    à sa triste besogne
    et tous ses arriérés
    et tout son tralala
    et mon regard avec;
    j'entre en ce bon séjour
    au régulier service
    de Son divin amour


     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#131

    © crédit photo : Laurent