Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • pigeon niais n°65

    Pigeonnier1.jpg

    Et mon âme en son pigeonnier
    de se chercher des aventures
    à se gâcher l'aile à ces murs
    à force d'élans obstinés
    n'écoute plus des ris du vent
    comme ils sauraient mieux la porter
    vers de plus giboyeux sommets
    que l'ombre d'un astre bêlant

    Regardez ailleurs, mes yeux morts
    Riez de mon corps, lèvres lasses
    Puisse La Vie est dégueulasse
    vous rameuter à vos trésors
    (tutoyer Mistraou et Norouët
     en allant pisser sur le porc
     qui vous raillait, hier encore
     de ne pouvoir vous mettre en miettes)

    Pigeonnier2.jpg

    Sans blague !
    C'te blague
    Depuis que j'ai remis ma bague
    non content de ma liberté
    (de lutter contre mes microbes)
    je ne vois que des pigeons niais
    quand, au printemps, fleurissent robes
    cravates lâches sur cols mous
    et ceux prêts à jeter l'opprobre
    à genoux

    Suis-je quelque part au donjon
    où tu viens grimper - allez, donc !
    pour la gloire
    dont tu feras demain toute une histoire ?
    Queue, non !

    Oh, pardon ! tu ne sais pas l'ire...
    (soupir)

    Pigeonnier3.jpg

    J'en fais quoi de mes congestions sur l'oreiller ?
    Je te les jette, me les taie ?
    Au prétexte qu'il faut tout dire
    serai-je... (écartelé, au pire) ?
    Que sais-je

    Et, à la réflexion, suis-je ?
    Qu'en dites, au miroir, piges, vestiges ?
    Tu dis, mon sang ?
    Qu'il n'est de réponse derrière, ni devant ?

    Alors quoi !
    L'aujourd'hui pourrait ainsi naître sans finir
    qu'à l'instant de se rendre en un grêle soupir
    navré
    incapable de volupté, ni d'agonir
    d'injures
       l'impérieuse nécessité de la nature
       le ciel
       l'autre qui m'aura voulu priver d'hydromel
       et la petite flamme, calme, pleurnicheuse
       déplumée, empêtrée dans la flaque boueuse
       où se figent
       de mon pigeonnier ruiné les frêles vertiges ?

    Pigeon vole
    que j'isole
    de mes Moires
    l'aréole
    bénévole
    d'un rais noir

    rehaussant mieux que mon orgueil
    la larme filant sur la joue
    traçant fin le glacis du deuil
    quand, au-dehors, l'air est si doux

     Pigeonnier4.jpg

     tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Lien permanent Catégories : °ruades° 2 commentaires
  • couchant & preuve

    C'est ça

    couché !Va donc voir de l'autre côté
    ceux qui vont mourir saluer
    Ton Règne
    en donnant du "Très-Haut Qui Nous En Saigne"

    Le sang qui te monte à la face
    est rouge Moire, est dégueulasse
    et coule
    sur des canopées d'où l'ombre roucoule

    Quel que soit l'horizon choisi
    tu fermes ton œil cramoisi
    des viandes
    qu'a sucées ton journalier dividende

    Va, de ce côté-ci, l'On dort
    De l'autre, peut mourir encore
    une île
    où tant auront débarqué leur exil

    Répands tes huiles vespérales
    sur les frondes sentimentales
    des routes
    trop éloignées du singulier Sans Doute

    Qu’importe la ligne de fuite
    y convergeront nos conduites
    y passe
    ricanant, l’euphorie qui nous menace

    Va, ton jus d’oranges sanguine
    l’étalage que nos cousines
    postèrent
    punaise et récollection, nos posters !

    Notre nature d’affamés
    jamais ne put se contenter
    d’un jour
    Et toi, de la narguer faisant ton tour

    Va, donc ! rougissant pour la frime
    sonner à l’opposé leur prime
    et meurent
    sans retour de salut nos Pairs Prieurs

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • explicitement

    LE DÎNER INCIPIT

    Le crayon de Dieu lui-même n’est pas sans gomme.
    Ne croyez pas que les feuilles mortes tombent d'un coup, comme les fruits mûrs, ou sans bruit, comme les fleurs fanées. Ca a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit...

    Pendant tout l'après-midi, le vent filtra des noires gorges du pays de Galles, proclamant que l'hiver avait glissé du pôle sur le monde. C'était une journée d'avril froide et claire. Ils sont apparus, comme dans un rêve... A un dîner d'athées. Le jour tombait depuis un moment, ils se tenaient immobiles, à quelques pas les uns des autres. Comment s'étaient-ils rencontrés? Par hasard, comme tout le monde...

    Le soleil ayant achevé plus de la moitié de sa course et son char, ayant attrapé le penchant du monde, roulait plus vite qu'il ne voulait (il ne fait pas tout à fait noir et le bruit des voitures sur le boulevard remue les ombres). La veilleuse, dans un cornet bleuâtre, brûlait sur la cheminée, derrière un livre, dont l'ombre noyait toute la moitié de la chambre. Car est-il que ce fut au temps, au siecle, en l'indiction, en l'ere, en l'hegire, en l'ebdomade, au lustre, en l'olympiade, en l'an, au terme, au mois, en la sepmaine, au jour, à l'heure, à la minute, et justement à l'instant que « Oh, oui, me dis-je, bientôt tout sera terminé. Je vais encourir bien des reproches... C'est peut-être vrai que je suis un lâche. »
    Il y a des justes dont la conscience est si tranquille. Pour faire partie du petit noyau, du petit groupe, du petit clan… qu'il est glorieux d'ouvrir une nouvelle carrière, et de paraître tout à coup dans le monde savant, un livre de découvertes à la main, comme une comète inattendue étincelle dans l'espace !

    Le Président était encore debout au milieu du léger tumulte que son entrée venait de produire. Il fut précédé par un grand déploiement d'appareil militaire.


    ***

    « Oui, cela pourrait commencer ainsi, ici, comme ça, d'une manière un peu lourde et lente, dans cet endroit neutre qui est à tous et à personne, où les gens se croisent presque sans se voir. »

    Couchée sur la poitrine, les coudes en avant, les jambes écartées et la joue dans la main, elle piquait de petits trous symétriques dans un oreiller de lin vert, avec une longue épingle d'or... pour que son attitude ne la trahisse en rien. Elle se rapproche de son ami.
    Colin terminait sa toilette.
    « Alors, tu vas vraiment faire ça ? Évoquer tes souvenirs d'enfance… »
    Le riche parfum des roses embaumait l'atelier…
    Le vent, tiède et endormi, poussait une brassée de feuilles contre la fenêtre. C'était le matin et l'or d'un soleil tout neuf tremblait sur les rides d'une mer paisible. Le calme. Le gris. De remous aucun. Quelque chose doit être cassé dans la mécanique mais rien ne transparaît. C'était le matin dans les arpents verts de la vallée de Jarvis.
    « - Tu vois, ma bonne amie, que je tiens parole… Et pourquoi cesserais-je d'être de mon village ? Il n'y faut pas compter. Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple… Ça a été plus fort que moi, je me suis mis à noter cette histoire de mes premiers pas dans la carrière de la vie, alors que j'aurais pu m'en passer. Il y avait d'abord ce visage allongé par quelques rides verticales, telles des cicatrices creusées par de lointaines insomnies, un visage mal rasé, travaillé par le temps… Ai-je été nourri par ma mère ?
    « - Le mieux serait d'écrire les événements au jour le jour…
    « - Plût au ciel que le lecteur enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison.
    « - Pff ! Les hommes, il faut les voir d'en haut.
    « - Pour écrire de sa vie, il faut avoir vécu; aussi n'est-ce pas la mienne que j'écris. Je hais les voyages et les explorateurs... Je suis seul ici, bien à l'abri... Le rêve est une seconde vie...
    « - Pourquoi soutenir que tu sais ta leçon ?
    « - Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors la première chose que vous allez demander c'est où je suis né, et à quoi ça a rassemblé ma saloperie d'enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m'avoir, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j'ai pas envie de raconter ça et tout. J'ai célébré les bergers du Tage; j'ai décrit leurs innocentes mœurs, leurs fidèles amours, et la félicité dont on jouit avec une âme pure et tendre. Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. C'est le moment de croire que j'entends des bruits.
    « - Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsède, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse.
    « - Il faut fuir, mademoiselle, je le sens bien…
    « - Considère, mon amour, jusqu'à quel excès tu as manqué de prévoyance. Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. Ce n'est pas une raison, pour ne pas se consoler, ce soir, dans les bruits finissants de la rue, se consoler, ce soir, avec des mots. »

    Ceci est un écrit vain 

    Où retrouver "Les curieux événements qui font le sujet de cette chronique..." (Albert Camus, La peste)

    Pour un Impromptu Littéraire - tiki#113
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

    Lien permanent Catégories : >imPrOmpTus 0 commentaire