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C'est le pied

Les jambes les plus belles
ne me sont rien
sans qu'un pied, joliet
finisse bien
qui de l'arrondi, qui du galbe
c'est le pied qui fait tout aimable :

s'il est vivant, presque enfantin
que la chair l'enveloppe bien
c'est un délice
un doux supplice
que de remonter vers la cuisse
ou de la garder bien en main

osseux, il est par trop amer
et me fait craindre un caractère
bien trop précieux pour tolèrer
qu'on se pique d'en chatouiller
la plante cambrée

veineux, il me saisit d'effroi
surtout fini par de longs doigts
j'y vois les serres de la mort
même à l'extrêmité d'un corps
propice à de puissants émois
je n'en veux pas

je l'aime
musclé sans être bombé
replet sans être joufflu
cambré sans être creux
duveteux mais pas poilu
que m'importe l'alignement
des doigts de pied si, cependant
ils parachèvent l'harmonie

du pied qui me ravit

quel plaisir de l'imaginer
quand au dérobé, la cheville
se révèle douce et gentille
quelle horreur de le découvrir
aussi négligé qu'un fakir
alors qu'on a bien entamé
la consommation du désir

suis-je fat, espiègle ou mesquin ?
(et pourquoi pas tout à la fois)
il est vrai qu'au petit matin
ce pied détermine mon choix
d'aller à la boulangerie
ou bien de déserter ce lit

 

tiniak (norbert tiniak)
© 2007 DUKOU ZUMIN&ditions TwalesK

[voir aussi dans 'VOLUPIXES', un pied comme je les aime]

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