pour sa copine on dit Framboise, appelons-la Mirabelle
et voyons comme s'apprivoise la donzelle
elles ont pris place en bout de table, à la terrasse du café
où nous étions venus fêter la fin d'une saison minable
Framboise accorte et adorable et pleine et souriante à souhait
introduisit sa camarade à notre vivante tablée
Mirabelle de blanc vêtue, nous la joua façon pucelle
mais dans son regard tendu se lisaient d'autres bagatelles
je ne résistai pas longtemps à lui titiller le fantasme
l'interrogeai sur le marasme où pataugent ses sentiments
elle expliqua du bout des lèvres, mais l'oeil aussi serein que franc
qu'elle n'était pas de ces gens qui s'oublient à la moindre fièvre
sous la peau fine et résistante coulait le jus de Mirabelle
animé d'une palpitante émotion toute charnelle
persistant dans mes intrusions, je lui dis cru tout mon désir
comme j'aurais bien du plaisir à faire la démonstration
que ses charmes sont évidents et attirants et consommables
nous étions, au coin de la table, accoudés tels des confidents
son haleine exhalait du feu, cuisant le jus que Mirabelle
secrète jusqu'au fond de ses yeux d'hirondelle
je vous entends : alors, ça vient ? tu lui mets la main au panier ?
tu la lui mets, dis! tu l'as fait ? il est comment son popotin ?
dire que je lui pris la main et puis le sein et puis la fesse
achèverait dans l'allégresse l'alternance de ces quatrains
tout bonnement, il n'en fut rien ; et dans mon ballot de ficelles
j'entretiens ce tout petit lien qui me rappelle Mirabelle