L'humidité traîne-savate
 cimente un rang de peupliers
 qui ont bu toute la nuitée
 et n'en peuvent plus de l'eau plate
Moi, de mon content de houblon
 j'ajoute à l'aube un jaune pisse
 avant que tout ne reverdisse
 dans la grisaille où je me fonds
É-oh !
  matelots à semell's de crêpe
  tous les chignons sont repartis
  lisser leur jupe au pied du lit
  les yeux remplis de Johnny Depp
O-é ! O-é !
  C'est pas déjà la fin de tout
  tant que ça tinte au fond des poches
  le patron sera pas si moche;
  il nous paiera son dernier coup
  (avant le nôtre)
Allez, on chante :
  Cassiopée! Cassiopée !
  courant après le Capricorne
  Prends garde que ton double V
  inopinément ne m'éborgne !
C'est bon, patron...
  t'as assez vu nos trognes
 Allons, garçons
  dehors serrer nos pognes
Ah, ça y est ! les oiseaux s'y mettent
 et ça moin'zingue à tout berzingue
 Adieu, mon rade ! adieu, mon zinc !
 L'heure a sonné du mal de tête
Je passe en mode automatique
 mes pieds connaissent le chemin
 ma tête est aux anges... s'y tient
 conciliabule ésotérique
Rupture de rythme au Zodiaque
 Fractale parole... Chlac !
Comment t'appelais-tu, corolle à bout de sein ?
 Tes cris de folle m'allaient bien
Viens, que je t'attribue la chanson sur mes lèvres
 “She's not the girl who misses much
 ... ambitioning the back of a black car”
et rêve ta bouche, ce phare !
Ciel ! ton rouge baiser m'orange
 le fleuve écoule un miel échange avec les lampadaires
 qui rangent les débarcadères
Sous les maisons bien à leurs places
 les jardinets effacent
 des brumes les dernières traces
Et des vendredis de poisson
 passent, passent Bir-Hakeim
 passent, passent sous les ponts
 pompons, mitaines... saison !
Suffise à l'harmonie
 des petits matins en repli
 des cors de nos corps l'hallali
La la li, la la lère
 et voici le chemin de fer
 en sa réminiscence
 des martyrs de la Résistance
(Ai-je tout gravi l'escalier
  sans faire de bruit ?
  Je suis déjà couché…
  C'est encore aujourd'hui)
Ces nuits passées à te chercher où tu ne peux pas être
 (c'est à pas s'en remettre)
 et sans rien à pleurer d'à la fenêtre
C'est tout du petit lait
 quand je songe à ces matinées
 à leur tango
O-é ! O-é ! matelot…
tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
 illustration : Claude Monet, 1891.