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  • H.E.L.I.O.S

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    Elle avait apporté des fleurs de tournesol séchées, laquées, qu’elle étala sur la table de conférence de sorte que chacun en ait à sa portée. Le temps de répartir son lot d’un bout à l’autre de l’assemblée, le silence qui s’installa lui déroulait un tapis rouge, bordé de notre attention captive. Elle avait toujours su produire son effet pour présenter ses trouvailles ou avancer ses projets, mais là, quand même : des tournesols !

     

    Et ce silence qui s’imposait, qu’elle entretenait, laissait planer, tandis qu’elle regagnait sa place en demeurant debout, les bras croisés sur sa taille. Ses yeux brillaient d’intention – de l’intention que germe en nous toute la pertinence de son geste. L’esquisse d’un sourire grinçant se rendit perceptible à qui avait l’habitude de côtoyer son visage que la rigueur professionnelle et une solide nature avaient lissé dans une expression aussi peu variable que peut l’être son humeur.

     

    La haie d’honneur que nous formions autour des végétaux à l’enfilade prit peu à peu l’allure d’une avenue. A l’heure où le crépuscule flirte avec la nuitée, l’artère principale de notre société s’illuminait. Tout le brio de notre talentueuse collaboratrice parcourait nos esprits, leur transmettait la puissance de son énergie, embrasait nos enthousiasmes.

     

    Quelqu’un murmura : - c’est génial !

    Quelqu’un ajouta : - non, c’est lumineux !

    Quelques rires contenus manifestèrent notre joie admirative.

     

    S’ensuivirent félicitations, extrapolations, contre-propositions formelles, en deux heures l’affaire était entendue, nous tenions notre nouvelle stratégie de communication.

     

    J’en savourais encore toute la subtilité en prenant place dans mon véhicule de fonction. Jetant un coup d’œil à l’exemplaire que j’avais jeté sur la banquette arrière, je me dis qu’il y avait là un délicieux cynisme qui ferait certainement pâlir de rage nos concurrents les plus virulents (comme les plus à cheval sur les préceptes écologiques) !

     

    C’est avec l’esquisse d’un sourire grinçant dont je jugeai de l’effet dans mon rétroviseur que je quittai les sous-sols de l’entreprise et m’engageai sur cette partie du boulevard maintenue presque constamment à l’ombre de la tour Hugh Evgren-Larks International Oil Society.

     

    contribution aux "Impromptus Littéraires" - tiki#4

    incipit : Elle avait apporté des fleurs de tournesol...

    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • mater noster

    élargirDieu est une femme, je l'ai vue
    son cheveu, c'est la nuit
    qui danse, vaporeuse
    couve des galaxies
    forme des nébuleuses
    Dieu est une femme lumineuse

    Dieu est une femme, je l'ai vue
    les plis de son jupon
    tissent les entrelacs
    du sort, de nos passions
    les aléas
    Dieu est une femme, inch'Allah*

    Dieu est une femme, je l'ai vue
    dans le creux de sa main
    viennent se divertir
    le mendiant et son chien
    et le triste vampire
    Dieu est une femme sans empire

    Dieu est une femme, je l'ai vue
    sa hanche veloutée
    roucoule des rivières
    attendrit le rocher
    polit la pierre
    Dieu est une femme au doux mystère

    Dieu est une femme, je l'ai vue
    ses yeux embrassent tout
    de l'instant dérisoire
    jaillissent bout à bout
    les tenants de l'Histoire
    Dieu est femme dans sa Chambre Noire

    * à Dieu vat!

    tiniak (norbert tiniak) © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    inspiré d'un cliché extrait de
    LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

     

    Ferventes salutations à Tini, ariaga et Lucia pour leurs délicieux commentaires ; et une révérence à Bl**, La Sto' qui me gratifie de ces quelques rimes :

    Dieu est un homme, je l'ai vu :
    sa bouche savoure toutes les poires,
    chante tous les chants,
    dit tous les mots de ses sentiments
    et se délecte de tous les nectars.
    Dieu est un homme qui goûte sans assouvir sa faim.

    Dieu est un homme, je l'ai vu :
    son corps est tel du velours,
    tantot pudique, tantot dérobé,
    tantot lubrique, tantot amadoué,
    tantot soumis à la caresse d'amour.
    Dieu est un homme, son corps un souverain.

    Dieu est un homme, je l'ai vu :
    ses yeux sont des pierres aux couleurs de l'azur
    qui s'ébahissent devant la couleur du ciel,
    devant la forêt et ses merveilles,
    ce sont ceux d'un enfant au coeur pur.
    Dieu est un homme, et il me tient la main.

     

    Storia Giovanna
    "... qui fait désormais dans les Belles Lettres" (sic)