Accommodée des foins coupés la veille encore
dans la torpeur de fin d'été, elle sommeille
Au milieu de la matinée, le vent est mort
Quoique plus courte la soirée se fait attendre
Dans la paisible intimité d'un long tussor
entre les dents un brin de blé, elle repose
Ses jambes ont bien mérité de leurs efforts
Le chant d'adieu des saisonniers la fait sourire
Le Vieux n'aura pu résister à jouer du cor
ajoutant des accents cuivrés à leurs ballades
Le matin les avaient chopés à bras-le-corps
emportant leurs carnes séchées en d'autres lieux
On se sera tous embrassés avant de clore
la barrière aux gonds fatigués sur leur départ
Plus tard, elle aura recouvré tout le ressort
de parer aux nécessités de son domaine
Pour l'heure, elle ne veut garder aucun remords
d'avoir dû se désemparer de sa passion
Qu'il en soit de prendre ou donner du réconfort
n'y prétendre ni réclamer aucun serment
La règle est toujours annoncée de prime abord
C'est le gage d'honnêteté de sa personne
Elle y gagne de se forger, pur, indolore
le pouvoir de s'abandonner à son désir
sans être à se dénaturer pour un mentor
sans même avoir à redouter qu'on la trahisse
dans un élan de liberté qui peut éclore
à la rencontre inopinée des solitudes
ou dans cette brutalité des francs accords
qui ne souhaitent s'embarrasser d'aucun remède
Mais cela, c'était sans compter que de Pandore
s'ouvrirait la boîte fermée depuis des lustres
Un bruit soudain lui fait lever la tête alors
Le trouble s'invitait dans la paix de Christine
tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
en hommage au tableau de Andrew WYETH, Christina's world - 1948.