Perspectives croisées de pierre, ardoise et tuile
les boyaux de la ville aux sillons régulés
charrient l'activité microbienne et fébrile
d'un ordre malhabile à gérer sa nuitée
J'arrive
frottant mon ventre à la cime des arbres
m'arrache des sons de banjo
vibrations de peau glabre
du cou au bas du dos
dérive
pénètre
(chez quelqu'un qui m'ignore, peut-être)
mon sabre à son fourreau
par la fenêtre du haut
À la patère
d'un réverbère
ai laissé mon chapeau
dehors
où s'affrontent des ors les fantasques champions
disputant vertement des colonies oranges
les lampions, goutte au nez
n'éclairant que les pieds des maisons
quand les pavés humides
se mettent à l'abri des porches impavides
Oh, le bel intérieur (sans papier-peint fleuri !)...
J'y perçois la chaleur d'une chair assoupie
J'en renifle l'enfance
odorant les recoins de cette somnolence
« Peter... ? » fait une voix venue d'un autre temps
m’adressant les échos d’un lointain engouement
pour une âme
qui pourrait ressembler à cette vieille dame
à qui j'aurais passé au doigt le dé à coudre ?
pour qui le vieux grigou eût mis le feu aux poudres ?
dans mon arbre ?
pour qui aurions lutté du poignard et du sabre ?
de toutes nos ressources !
pour le plaisir de ne jamais jamais finir la course
L'ombre qui me chatouille
c'est la mienne
avec ses cheveux blancs et ses dents déchaussées
son ventre qui gargouille
sans poids déterminé
Je ne sais démêler qui d'elle ou de moi mène
la danse
qui m'entraîne au-dehors vers d'autres lieux d'enfance
sur le fil
d'une histoire imprimée à l'encre indélébile
Je décolle
et les poings sur les hanches
racole
à ma cause infantile
à mon jeu déluré
d'un vieux soupir débile
de la poudre de fée
tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK