De la terrasse où je t'observe
à la même heure chaque jour
quand tu t'installes dans la cour
ta chevelure de Minerve
absorbe tout de mon coeur lourd
Légèrement vêtue, la chair
de ta jambe ou de ton épaule
qu'à sa lisière un tissu frôle
accapare mieux la lumière
que ton sein courbe dans sa geôle
Que vienne ce moment et bruisse
la page que ton doigt charmant
fait basculer nonchalamment
que sous le livre ouvert, ta cuisse
ait à nouveau ce mouvement
Quand enfin repue de lecture
tu ouvriras grand tes longs bras
ton corps apaisé offrira
à mon regard cette posture
où je vois comme ton coeur bat
A mon tour j'aurai mon content
de plongée au creux du délice
car ce n'est pas le vent qui plisse
l'entour de mon oeil, c'est le temps
insaisissable précipice
texte inspiré d'une photographie
extraite de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna