Des pas plus nébuleux
que sous un ciel mouvant mon ombre sur le sol
me traversent le bol quand je ferme les yeux
pour me curer le sang
Je ne les entends pas, mais je sais qu'ils arrivent
et mon rêve salive à leur seule présence
et je connais ma chance
et je vais m'en repaître
(un œil à la fenêtre et l'autre au cervelet)
Pétarade, bouquet !
Fleurs d'électricité à l'abri sous le masque
envahissez ma vasque, enluminez ses bords
donnez le coup de fouet qui manquait au décor
annoncez la venue
des puissants maîtres mots que forme l'inconnu
en secret
dans le douillet confort de sa vaste forêt
Inconscient
confident sans visage
Ai cherché ton oubli dans de tristes corps sages
Je n'en suis revenu qu'avec les dents plus longues
un plus vif appétit pour les orgues sauvages
que le verbe fourbit
J'en brandis le marteau pour frapper sur le gong
du ciel
que là vibre son temps ma verve de mortel
et que jouissent
d'un écho libéré mes plus sombres délices
Pas à pas, les voici qui remontent le cours
du fleuve souterrain où dorment d'anciens cris
"Amour !", "Aime ton ennemi !", "Quel est ce four ?"
"Ah ! que n'as-tu appris à me connaître mieux"
Ah, petits pas de deux... vous, revanches contrites...
la cohorte qui monte a repeint vos invites
marche sur vos dépouilles
et tasse le chemin que chaque foulée souille
ravage
pour y laisser passer - en force et davantage,
le sang, le miel
et les derniers degrés d'une fièvre sensuelle
Hallali ! Cathédrales !
Ne m'en suis pas sorti pour en naître plus mâle
mais vrai
(autant que l'inconscient, au juste, le permet)
Oh, foire ! Oh, bataclan !
Comme j'aime ce soir à son encombrement
Oh, ma cure !
et mon crâne à jamais pour y faire aventure
Ah, le beau défilé !
que c’est ce régiment de plus libres pensées
« Je vais le tuer ce con ! »
et d'y mettre les formes
et la savante contrefaçon de la norme
« Belle, moins que ton cul ! »
jurant à ce pétard qu'on ne m'y prendrait plus
« À quoi bon ce travail ! »
et des civilités en ordre de bataille
t'enserrent
te disent
« ce serait mieux payant de nature humaine »
T'en fous !
Je dors, les yeux fermés au massacre du goût
du rêve
et tout ce qui me fait, vive, monter la sève
Suis terrestre, n'entends
pauvre ! ni dieu ni maître (n'était l'inconscient)
qu'un message
quand surgissent du fond mes lésions de carnage :
Art, tes Miss Artémis
(à l’harmonieux jupon porté haut sur la cuisse)
soient le lieu amoureux de feu mes artifices
tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK