Vengeance de l’arbre
Le Cru s’y fit de l’ombre
coulant sang noir des rives sombres
au pied des joncs malingres
le déclin d’un verbe annoncé
se pleure, et son malheur désolé
se perd en vains sanglots, restes
dévorés par le marigot céleste
Le front naguère ceint d’ignorance assassine
pesant, lui fait ployer l’échine
et Le Cru abattu bave sur sa poitrine
un psaume, une prière
à l’abandon du père
la trahison du frère
et le brûlant regret de la mère
Là-bas,
flottant sur l’ici-bas si proche
la barque d’un passeur fantoche
attend de relever ses filets
entre le fleuve et le marais
mais l’autre couche avec les Parques
aucun gueux ni aucun monarque
ne sauraient l’en priver
jamais, Ô Grand Jamais
Alors, la nuit qui fit le monde
abuse les reflets de l’onde
et n’y tolère pas l’empreinte
du pied rivé à la solive
referme son obscure enceinte
sur la lumière qui salive
de n’être pas aimée
de ceux qu’elle a baignés
ces mêmes ceux qui applaudissent
le corps du Cru et son supplice,
la foule aveugle des absents
dans l’apocalypse du sang
Le tonneau mis en perce
à son flanc se déverse
le rouge a déserté la scène
et gagné les esprits obscènes ;
ils viennent s’affranchir
de l’horreur et du pire
en s’abreuvant avec délice
au marigot du sacrifice
Dans ce déballage incongru
de rages rebattues
Le Cru n’en finit plus de pourrir.
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
illustration : DALI, Christ of St John of the Cross (1951)